Il y a près d’un millénaire, l’artiste chinois Ma Yuan 馬遠 (1160-1225) captura douze images d’eaux, tissant ainsi une cartographie imaginaire des rivières, des lacs et des mers qui parsemaient les différentes régions de la Chine. Inspirée par cet acte de peinture, je tente d’élaborer une cartographie temporelle de la Seine, dépeignant une série d’images des eaux à différents moments historiques. Plus spécifiquement, je cherche à représenter un paysage en perpétuelle transformation, une métamorphose engendrée par les aménagements réalisés dans la région estuaire de la Seine depuis la fin du dix-neuvième siècle, aménagements qui ont quasiment fait disparaître les mascarets de ce fleuve. Jadis empreints d’une fascination palpitante, voire terrifiante, ces phénomènes des flots agités, flots calmés trouvent ainsi leur récit dans les lignes que je trace. Il était une fois, dans ces eaux tumultueuses et apaisées, se déployait l’histoire tressée de l’homme et de son fleuve.