24 Mar Météores
À la fin de la soutenance, mon directeur de thèse, Monsieur François Jeune, a sorti une ancienne enveloppe de son lourd sac et me l’a remise. Sur l’enveloppe un peu usée ont été écrits le nom et l’adresse de son atelier. Depuis sa retraite, M. Jeune vit retiré au bord d’un petit village en Bretagne, peu accessible, pour y réfléchir et créer. Son atelier n’ouvre ses portes que pour des expositions pendant l’été. Lors de l’exposition personnelle de l’été dernier, outre les couleurs écoulées en grand format précédemment vues, un certain nombre de petits formats ont été montrés pour la première fois, modestement dans un petit espace rénové. Ceux-ci ressemblaient à des cartes océaniques, ou peut-être à des cartes du ciel.
Maintenant dans mes mains, est justement un petit format intitulé Météores, devant laquelle je me suis arrêtée et profondément saisie. Il a plaisanté : “Cette peinture te semble destinée. J’ai pensé à te donner un jour.”
Oui, cette si belle destinée s’est scintillé plusieurs fois dans ma vie : l’enfant qui parcourait les montagnes et les rivières pour peindre le paysage, sa collision avec les étoiles et les nuages tumultueux de Van Gogh ; la recherche du ciel profond il y a six ans lorsqu’elle a levé la tête au dernier étage de l’Université Paris 8 ; l’élévation cosmique avec tout le monde vers l’immensité du cosmos pendant la soutenance, jusqu’à ce moment devant ce bleu de l’infini.
Ce bleu de M. Jeune si clair, est pourtant difficilement discernable ; il est en dehors de mon langage, mais au milieu de mon imaginaire. Il s’agit sans doute de la couleur du ciel après le lever du soleil mais aussi celle juste après la tombée de la nuit. Dans ce bleu, le météore se faufile traversant le vaste espace-temps. J’essaye de suivre l’épaisseur de cette étoile bleue mais pesante avec un regard aussi limpide et lourd, je ne pourrais guère, néanmoins, suivre cette trajectoire éphémère de sa traversée cosmique. Mais je vois qu’elle aussi s’est agrippée à l’infini, brisant et raclant le silence de l’univers, laissant derrière elle cette trace brute — une trace de puissance, de vitesse, de vitalité. Je la contemple comme si je contemple la beauté des éclairs fugaces dans l’espace et le temps, le sublime qui s’éclate dans le vide du cosmos.
答辩结束,导师François Jeune先生从沉甸甸的背包里掏出一个白色信封递给我。上面写着Jeune先生工作室的名称和地址。那是一个临大西洋的布列塔尼小村庄,交通颇为不便。Jeune先生自退休后常年隐居于此闭门思索、创作,只在夏天开放工作室办展览。去夏的个展中,除了以往巨幅流淌的色彩,还出现了一批小幅新作,它们近似地图,抑或是天图。
如今在我手里端的这一张,就是去夏在他展览上依依流连的那幅Météores。他半玩笑说:“这张画就像你一样。它注定是属于你的。”
是的,这样的美好宿命至今已几次闪现 :那个悠游大山名川描绘山水的孩童,曾与梵高涌动的星星和翻滚的云彩的碰撞 ;六年前在巴黎八大顶层仰起头,对深邃天宇的问寻;答辩视频结尾中,与大家一起飞向曼妙无极的星际,一直到手里接过这幅小而无尽的蓝。
Jeune先生的蓝,那么清澈,却又不易辨析。它在我的言語之外,卻從我想象中溢出。很难说它是太阳跃出之后、还是刚刚入夜的天色。蓝色中穿梭浩渺的时空,是那颗流星。我想以厚重的目光去附着、去追随那厚重的蓝色星体,却难以體會那浩渺中的一瞬。但我也看到了它也曾在无尽中用力抓紧,刺刺拉拉地刮破了宇宙的静寂,留下这生猛的痕迹 — 这是力量的痕迹,速度的痕迹,生命的痕迹。我端详着它,也端详着亘古时空中瞬息闪现的美,端详着宇宙虛空中崩裂的崇高。