« Jusqu’aux cimes des montagnes » interprète une ascension imaginaire qui transforme les tracés calligraphiques en des sentiers dans les montagnes, et qui mène à traverser les hauteurs des paysages pour voyager au-delà du monde.
Cette performance en duo réinvente les aspirations millénaires chinoises des artistes ermites qui se retirent du monde pour voyager voire vivre parmi les montagnes et les ruisseaux, notamment celles traduites sous le pinceau des peintres et calligraphes ermites et lettrés durant des dynasties Ming (1368-1644) et Qing (1644-1912).
Sur des papiers en grand format, Hu Jiaxing calligraphie deux caractères chinois you 幽, « profond, subtil » (les fils de soie cachés dans les montagnes ou éclairés par la lueur du feu), et yin 隱, « se cacher, se retirer du monde » (signifié par la clé de montagne dressée comme une échelle), signifiant « La subtilité des êtres aperçue en escaladant les montagnes ». Cette calligraphie en sigillaire comme un immense talisman, est écrite verticalement du bas en haut comme créer une montagne.
L’esprit des montagnes et eaux est surtout interprété par Zhao Fei en une ascension imaginaire, dans des montagnes que les peintres et calligraphes ermites ont grimpées. Suivant les tracés calligraphiques comme des sentiers d’ascension, avec les pas du rituel taoïste, elle monte jusqu’aux cimes des montagnes imaginaires, tout en éclatant les pigments traditionnels de la peinture du paysage chinois, le bleu et le vert minéraux.
Le paysage dans la peinture chinoise n’est pas seulement une nature imaginée, il vient aussi des expériences physiques, bien que cimes soient pratiquement inaccessibles, les artistes ermites se retirent du monde et entrent dans les montagnes pour aller retrouver la cosmicité intérieure. Des expériences de l’enfance parmi les montagnes et les ruisseaux en Chine aux pratiques alpinistes en Europe, cette ascension imaginaire rendent hommage à nos maîtres artistiques et spirituels.