Une contemplation de l’infini

2021
Zhao Fei, Une contemplation de l’infini, 2021. Photographie. Crayon sur papier, 31 x 41 cm.

Un jour de l’été 2017, au Musée national archéologique d’Athènes, mon regard s’est fixé durant toute la journée devant les statues de la civilisation des Cyclades, du troisième millénaire av. J.-C. Ces sculptures en pierre, debout ou assises, les mains devant la poitrine, aux traits extrêmement sobres et gracieux, sont toutes caractérisées par leurs têtes levées vers le haut. Même si les yeux ne sont pas figurés, on peut être immédiatement saisi par cette posture silencieuse dans la contemplation du Ciel. Nous ignorons les auteurs de ces œuvres surprenantes, mais je suis convaincue, dès le départ, que le peuple des Cyclades vivant sur des îles dispersées dans la mer Égée avaient une perception céleste riche et profonde. Le bleu profond est la couleur de cette perception. C’est le bleu du ciel, mais aussi le bleu de la mer, l’homme dans ce grand bleu où se croisent le ciel et la mer comprend naturellement le sens réel de l’infini. Le regard de ces sculptures est donc une contemplation de l’infini. Cette contemplation a transcendé l’expression de la joie ou de la tristesse, au point que nous ne distinguons plus si nous avons affaire à un homme ou à un dieu devant nos yeux. Sans doute cette perception céleste l’a fait à la fois homme et dieu. C’est dans ce regard contemplatif que l’homme s’éveille à sa cosmicité, à ses racines célestes.